Je salue la mémoire d'Edmond Maire, grande figure du syndicalisme et de la gauche réformatrice !
Il avait apporté son total soutien à la "laïcisation" de la CFTC, projet qui était porté avec une grande détermination par son prédécesseur Eugène Descamps.
Lui succédant à la tête de la nouvelle CFDT, Edmond Maire en a fait un syndicat puissant, recrutant de nombreux nouveaux adhérents, ne refusant aucun débat et façonnant la nouvelle image et la nouvelle identité d'un syndicalisme réformateur, profondément attaché au dialogue social.
Il voulait réformer la vie dans l'entreprise, les rapports sociaux et, plus largement, la société, tout en étant fidèle aux réalités vécues sur le terrain par les salariés. Pour lui, ce n'était pas incompatible. C'était tout à fait complémentaire.
Je l'ai revu pour la dernière fois aux obsèques de Michel Rocard, aux Invalides. Michel avait tenu à ce qu'il s'y exprime.
Ce jour-là, deux figures de ce qu'on a appelé la "deuxième gauche" étaient rassemblées. Michel et Edmond étaient très unis. Ils ont tous les deux beaucoup oeuvré, non seulement pour la "deuxième gauche", mais pour rénover la gauche tout entière - et, au-delà, notre société.
Il nous faut continuer sur ce chemin.
Jean-Pierre Sueur
Le terrorisme est toujours là. Un récent attentat en Grande-Bretagne nous le rappelle.
Certains seraient tentés de se résigner et de se dire « à quoi bon ? » – puisque ce fléau revient toujours.
Se résigner, ce serait cependant donner raison aux terroristes.
J’espère de tout cœur que, grâce aux efforts de tous, nous vaincrons ce mal.
Et je pense à ces lignes qui figurent à la dernière page de La peste d’Albert Camus, par lesquelles celui-ci explique que le héros du livre, le docteur Rieux, « savait […] que cette chronique ne pouvait pas être celle d’une victoire définitive. Elle ne pouvait être que le témoignage de ce qu’il a fallu accomplir et que, sans doute, devraient accomplir encore contre la terreur et son arme inlassable, malgré leurs déchirements personnels, tous les hommes qui, ne pouvant être des saints et refusant d’admettre les fléaux, s’efforcent cependant d’être des médecins. »
Même si le mal peut revenir, la dignité humaine, et le respect, en chaque être humain, de l’humanité, imposent de lutter contre le terrorisme et les doctrines mortifères et inhumaines qui le nourrissent.
Jean-Pierre Sueur
Après le remarquable livre de Christiane Noireau que j’ai présenté ici le 5 octobre 2015, voici que paraît un nouvel ouvrage, non moins remarquable, que l’on doit à André et Catherine Soulas, paru aux éditions « lelivredart » sous le titre : « L’œuvre gravé de Louis-Joseph Soulas : un catalogue raisonné », un inventaire exhaustif de ce grand artiste que l’on a tant de plaisir à redécouvrir.
Ce « catalogue raisonné » ne recouvre pas toute l’œuvre de Louis-Joseph Soulas puisque celle-ci compte des illustrations pour une trentaine d’ouvrages et des centaines d’huiles et d’aquarelles. Mais pour ce qui est de « l’œuvre gravé », ce ne sont pas moins de 850 planches qui sont recensées et reproduites.
On y retrouve le cher moulin de Lignerolles, la Beauce et la Sologne gravés sous tous les angles et en toutes saisons, « un vieux paysan de mon pays », un « chemineau », mais aussi Raboliot – et encore Orléans et d’autres villes comme Collioure, Uzerche, Saint-Tropez ou Coutances… Et aussi des figures illustres, comme Beethoven, Berlioz, Paul Valéry ou Max Jacob.
… Mais toujours, après tant de tours et de détours – jusqu’à des « marines » – on revient au moulin, à la Beauce et à ses paysages aimés entre tous, saisis sur le vif, avec des traits épurés. Ces paysages nous parlent, ils ont une âme.
Raboliot - Village de Brinon-sur-Sauldre
Il faut remercier André et Catherine Soulas de nous avoir restitué dans leur intégralité ces 650 gravures qui constituent un parcours artistique d’une exceptionnelle densité et dont on mesure ainsi combien il trouve son unité, au-delà de la diversité des sujets traités, dans une fidélité à des motifs et à des paysages qu’il a dans le regard, dans le cœur – et qui ne le quitteront pas.
Jean-Pierre Sueur
Moulin en septembre
Lignerolles